Niewidzialna Wystawa Warszawa- L'exposition invisible

C 'est comment la vie d'un aveugle ?

Ça fait quoi de ne rien voir du tout ?

Jusqu'à aujourd'hui, je n'en savais rien. Je crois que je m'étais déjà posé la question et que j'avais même dû par moment fermer les yeux et essayer de voir ce que ca fait justement de ne rien voir. Je n'avais jamais imaginé pouvoir demander de but en blanc à quelqu'un ce que ça fait de "Rien y voir du tout".

Et bien, révolution! Aujourd'hui tout a changé ! J'ai eu la'occasion de visiter une exposition super chouette qui a radicalement changé ma vision des choses (je sais la formule est mal trouvée!).

Avec mon ami Adrian, nous avons décidé d'aller voir « l'expo invisible ». Les règles étaient simples, il s'agissait d'abandonner tous nos objets émetteurs de lumière dans un vestiaire et de nous lancer vaillamment dans un univers totalement obscure.

Sous la direction de notre guide Witek, nous avons parcouru à tâtons les différentes salles de l'expo dans un noir absolu. De la reconstitution d'un appartement, à une exposition de sculptures, en passant par une rue animée et par un restaurant, nous avons évolué pendant plus d'une heure au sein de ces différents univers, nous habituant tant bien que mal à l'obscurité totale. Witek nous a guidé dans cette découverte, en nous invitant à essayer de cuisiner ou de traverser un passage piéton obstrué par une voiture mal garée.

Il m'est un peu difficile de mettre des mots sur les sensations intenses de cette expérience mais je vais essayer. Le premier sentiment qui m'est venu fut bien sûr celui de la perte totale de mes repères spaciaux temporels. Au bout de quelques minutes je m'attendais toujours à ce que quelqu'un allume la lumière. Je crois avoir gardé les yeux ouverts tout au long de cette aventure, sans doute en pensant que je finirais bien par percevoir quelque chose. Mais l'obscurité était vraiment totale. Alors évidemment à tatons, on parvient à identifier d'où viennent les voix, on arrive à reconnaître les objets du quotidien. C'est d'ailleurs plutôt amusant. Entre le four et la Fiat 126, entre un cerf empaillé et une bouche d'égout, notre toucher a été mis à rude épreuve.  Nous avons aussi dû franchir un ruisseau et tenter de faire du vélo, toujours à l'aveugle. Toujours avec l'aide de Witek et en nous tenant par la main, nous nous avons surmonté les différents obstacles qui s'imposaient à nous, mais en ne nous habituant finalement pas vraiment à cette obscurité totale.

À la fin du parcours, nous avons partagé un café avec Witek dans un bar -toujours dans le noir. Nous avons appris à reconnaître les pièces de monnaie (ce n'est pas si facile, dans le noir, impossible de se faire une idée de leur poids si on ne les compare pas; l'astuce c'est d'utiliser les bords des pièces qui sont plus ou moins lisses selon la valeur de la pièce). Witek nous a expliqué qu'il avait appris le braille à 5 ans, qu'il pouvait utiliser internet de faèon totalement autonome grâce au progrès technologiques. 

J'ai été un peu boulversée quand il m'a expliqué que l'évocation des couleurs ne lui évoquer absolument rien... Ca veut dire que pour lui le ciel bleu, le soleil jaune, l'herbe verte, ca ne veut rien dire du tout. Ou plutôt ca veut dire quelque chose mais pas en termes de couleurs. Il imagine les choses puisqu'il ne peut pas les voir. J'aimerais pouvoir savoir à quoi ressemblent les figurations qu'il se fait de tout ce qui nous entoure. Ca m'intrigue vachement.

Cela dit, voir cette expo -ou plutoô ne pas la voir- et rencontrer Witek m'a permis de réaliser que l'univers des aveugles n'est pas un univers d'impotents. Je tente toujours de lutter contre les sentiments qui me font ressentir de la peine ou de la pitié pour les personnes différentes, mais ce n'est pas toujours facile. Là, nous avons rencontré Witek dans le noir et c'est lui qui nous a guidé et éclairé. Finalement, nous sommes devenus les non-voyants ayant besoin d'aide. Ce fut une expérience vraiment intense et en sortant j'ai découvert que je n'avais à aucun moment considéré Witek comme une personne handicapée, ou à plaindre. Bien au contraire c'est lui qui s'est amusé de nous entendre nous cogner un peu partout, en lançant des "putain" à tout va.

Fermer les yeux pour finalement y voir un peu plus clair.