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Comment ça ? ça existe encore les tartares ?

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Comment ça ? ça existe encore les tartares ?

Si comme moi, tout ce que le mot « Tartare » vous évoquait jusqu’alors, était un gros morceau de bœuf cru haché, cet article est fait pour vous !

En effet, il se trouve qu’en Pologne un petit village de tatars « résiste encore et toujours à l’envahisseur ». Et oui, lors d’un périple à la recherche du temps perdu en Podlachie, je l’ai vu de mes propres yeux (en fait j’en ai même vu deux, mais bon je voulais garder la poésie de Goscinny – Goscinny qui est d’origine polonaise soit-dit en passant).

Les tatars ou tartares (ce deuxième terme est incorrect mais bon comme ce sont les « lettrés du Moyen Age » qui l’ont déformé, ce serait dommage de se priver !) sont présents en Pologne depuis le XIIIe siècle. Fuyant l’Asie centrale et la Crimée, ils ont en effet trouvé opportun de s’installer dans les territoires des actuelles Pologne et Lituanie. Très rapidement pour les remercier de leur exploits guerriers et de leur fidélité à leur terre d’adoption, les souverains polonais leur ont octroyé des territoires et leur ont accordé la liberté religieuse. La vaillance au combat et la loyauté à la Pologne des tatars ont démontré de leur attachement à leur nouvelle patrie. « Tatars et polonais » arguent-ils, dans le but d’expliquer qu’il n’y a pas de contradiction à être tatar et fidèle à la Pologne.

Tout en préservant leurs traditions et leur religion, ils se sont également adaptés à l’environnement polonais, en adoptant la langue polonaise et en cohabitant en parfaite harmonie avec leurs voisins slaves. L’Islam reste le ciment de leur communauté et la construction de mosquées n’est jamais apparu comme un problème.

 

Comment ça ? ça existe encore les tartares ?

Voilà pour la théorie. Pour la pratique, l’occasion de visiter deux villages tatars de l’Est polonais a été une aventure vraiment hors du commun et hors du temps.

De prime abord, le plus notable est l’apparence des tatars, ils sont blancs mais ils ont gardé au fil des siècles des yeux très en amande caractéristiques de leurs origines mongoles. C’est comme écrit sur leur visage mais de manière très subtile qu’ils appartiennent à une éthnie différente.

Etonnement dans les deux mosquées que nous avons visité les imams nous ont accueilli très chaleureusement (Bien sûr en échange d’un droit d’entrée de 5 zlotys, mais je dis « étonnement » car en Israel et à Skopje en Macédoine, l’acceuil devant les mosquées n’a pas toujours été des plus cordial).

L’imam de la mosquée de Kruszyniany nous a expliqué que les mosquées avaient été construites par des locaux, donc des slaves. Pour ceux-çi, toutes les églises avaient la forme des églises orthodoxes, c’est pour cette raison que les mosquées de bois polonaises ont des lignes si spécifiques. Elles sont très épurées tant à l’exterieur qu’à l’interieur, plutot petites et il semble que le temps s’y est arrêté. Il est difficile de les imaginer pleines de monde tant nous étions seuls au milieu des tapis colorés.

Dans la mosquée de Brohoniki, l’imam du coin nous a expliqué que dans le village, il ne restait plus que 3 familles tatars. Les autres ont immigré dans les grandes villes et reviennent au « bled » uniquement pour les vacances ou pour les fêtes musulmanes. En gros, il reste entre 3000 et 5000 tatars en Pologne, ils se connaissent tous et perpétuent tant bien que mal leurs traditions.  Face à ce constat, je me suis dis que la communauté allait tot ou tard simplement disparaître. Et puis Maciek m’a rappelé que les tatars étaient en Pologne depuis 800 ans donc il y aurait sûrement moyen qu’ils s’en sortent un siècle supplémentaire.

Lun de ces deux imams est francophone, il a étudié les civilisations islamiques en France –dans le village de François Mitterand, m’a t-il dit fièrement (j’ai beau chercher sur google je retrouve pas le nom de la ville en question) !- et est revenu en Pologne afin de perpétuer les traditions tatars.

 

 

Comment ça ? ça existe encore les tartares ?
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Le plus touchant dans la visite de ces deux villages, ce fut la visite d’un cimetière tatar. Dans ce cimetière, il y a des tombes vieilles de plusieurs siècles. Mais aussi des tombes plus récentes qui ont la particularité de porter des inscriptions en arabes en polonais et même en biélorusse. C’est assez joli et cela démontre parafitement de l’intégration des tatars dans le pays : le début de leurs noms est turc et se fini avec le traditionnel « ski » polonais ou en « wisz ».

 

Afin de se la jouer totalement « tatar » - style, nous avons expérimenté un restaurant traditionnel. A la carte, des plats plus exotiques les uns que les autres. J’ai opté pour une tourte farcie de couches successives de riz, d’oeufs, de viande et de champignons : un surprenant mais harmonieux mélange. Si aucun alcool, bière ou vin, n’était au menu du restaurant,  nous avons eu l’occasion d’assister à une réunion de famille qui avait lieu sur la terasse du restaurant et les convives, tous tatars, se régalaient de vin frais et de bières. Il parait que les tatars du fait de leur intégration dans la société polonaise rencontrent des difficultés avec d’autres musulmans plus partisans d’une approche stricte de la religion. Je n’en sais rien, dans un pays homogène comme la Pologne, je n’ai pas rencontré beaucoup de musulmans à vrai dire.

 

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Comment ça ? ça existe encore les tartares ?Comment ça ? ça existe encore les tartares ?

Quoiqu’il en soit, cette ballade fut vraiment très poétique. Je ne saurais dire si ce sont les maisons en bois qui m’ont donné cette impression ou la sensation d’être en présence des derniers « Mohicans » des tatars mais il y indiscutablement quelque chose de magique dansd ce coin là !

Comment ça ? ça existe encore les tartares ?
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